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Comment parler de la Mort à mon enfant ?

  • Photo du rédacteur: Les pros "Crescendo"
    Les pros "Crescendo"
  • 25 sept. 2020
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 2 oct. 2020


Il n’y a qu’une certitude dans notre existence c’est que nous nous dirigeons tous vers une inévitable « fin » : la mort. Sans mort, il n’y a pas de vie, et sans vie il n’y a pas de mort. Et pourtant, malgré son omniprésence, elle est parfois tabou, et suscite de nombreuses inquiétudes de la part des parents qui ont peur de ne pas trouver les « bons mots », de ne pouvoir contrôler leurs propres émotions, qui expriment des doutes sur la façon dont l’entourage va réagir à leur discours…


Ces craintes sont finalement représentatives d’une démarche de protection de l’enfant. Cependant, il est important de lui en parler et d’éviter à tout prix les non-dits pour que votre enfant puisse y mettre du sens. Mais, comment s’y prendre ?

Quelle perception à l’enfant de la mort ?


Il est essentiel dès son plus jeune âge de le familiariser avec la fin du cycle de la vie au sein de son environnement. On peut aider son enfant à conscientiser progressivement cela en lui montrant le petit papillon mort en cours de route, les fleurs qui se fanent, les feuilles tombant des arbres en automne pour apporter un sol plus fertile, le jouet cassé, le nounours déchiré…


C’est petit à petit que l’enfant aura une conception et des questions de plus en plus précises à ce sujet. Il faut prendre en compte son niveau de compréhension de l’enfant afin de pouvoir adapter au mieux son discours.


Avant l’âge de 5 ans environ il est difficile pour l’enfant de se saisir du caractère inévitable et irréversible de la mort. Entre 5 et 7 ans, l’enfant commence à percevoir le caractère irréversible, mais ce concept ne s’applique pas à lui. Pour illustrer cela, vous pouvez vous représenter des enfants qui jouent aux cowboys dans une cour de récré, en se tirant fictivement dessus : ils peuvent « tuer » leur adversaire, mais celui-ci se relève, et une nouvelle partie peut recommencer ! Ce n’est que vers l’âge de 10 ans que l’enfant commence à comprendre l’aspect inéluctable et irréversible de la mort.

Comment communiquer avec lui à ce sujet ?


Il peut arriver que le parent projette ses propres angoisses de mort, ses propres craintes, et procrastine ou évite ce sujet. Si cela vous semble trop difficile, vous pouvez demander de l’aide à un professionnel, ou vous faire soutenir dans cette démarche par l’autre parent si cela est possible. Vous pouvez aussi tout simplement répondre « Je ne sais pas » si vous vous sentez en difficulté. Même si vous n’apportez pas de réponse, l’enfant sentira que sa parole est accueillie, et saura qu’il a la possibilité de partager ces questions.


Il est très important de pouvoir en parler de la manière la plus honnête possible et sans tabou. L’imaginaire d’un enfant est si développé que s’il n’a pas accès à un espace d’échange authentique autour de ces questionnements, il n’est pas rare qu’il scénarise quelque chose de beaucoup violent, impressionnant et sanguinolent que ce qu'il en est réellement.

Mes petits conseils :
- Partez toujours de ce que votre enfant sait déjà en le questionnant - il vous surprendra surement par ce qu’il sait – et cheminez à partir de là ;
- Lorsqu’un proche est très malade et que le pronostic vital peut être engagé, ne lui promettez jamais la guérison, et n’oubliez jamais de l’informer de l’évolution de l’état de santé de cette personne. Éviter de lui dire que la maladie de ce proche est un secret qu’il ne peut pas partager, car au contraire l’enfant a besoin d’en faire part pour y mettre du sens ;
- Éviter les métaphores telles que « Il a rejoint les étoiles », « Il est parti au ciel », « Il est sur un nuage » etc. L’enfant risque de le prendre au sens littéral et non symbolique ;
- Ne minimisez pas et utiliser des mots simples « mort », « cercueil », « morgue » etc.

Exemple d’une conversation sur la mort avec un enfant de 5 ans que j’ai pu avoir dans ma pratique :


Thérapeute : Maman m’a expliqué qu’il s’était passé quelque chose cette semaine de particulier…

Enfant : Oui, Papy est monté au ciel.

Thérapeute : Tu veux dire que ton papy est mort ?

Enfant : Oui (…) Dis, c’est quoi la mort ?

Thérapeute : Tu sais la mort, c’est la fin de la vie. Toutes les choses qui sont vivantes autour de toi finissent par mourir : les animaux, les plantes, les insectes, les poissons … et les êtres humains aussi. Quand on meurt notre corps s’arrête : on ne respire plus, notre cœur ne bat plus, on ne bouge plus. D’apparence on pourrait parfois croire que l’on dort, mais c’est différent de quand on dort parce que l’on ne se réveille pas. On ne peut pas redevenir vivant comme avant. Si ton Papy est mort, il va peut-être avoir un enterrement ?

Enfant : C’est quoi un enterrement ?

Thérapeute : C’est une manière pour toutes les personnes vivantes de dire au-revoir à la personne qu’ils aimaient et qui est morte. Pendant ces retrouvailles, la famille, les amis, les gens qui la connaissait sont là, tous ensemble, pour rendre un dernier hommage. Parfois, il y a beaucoup de monde et ça ressemble à une grande fête, parfois il y en beaucoup moins. On pleure, on prit, on parle de bons souvenirs, on rit ... Ça dépend des familles.

Enfant : Et, elle va où la personne qui est morte ?

Thérapeute : Quand le corps s’arrête de vivre, la personne est morte. On met son corps dans un cercueil : c’est une sorte de grande boite qui fait la taille du corps. On amène cette boite dans un cimetière, où d’autres personnes mortes ont aussi été enterrées. On met alors cette boite dans un caveau qui est sous la terre, et on met au-dessus une dalle, qui ressemble à un grand couvercle en pierre. Sur cette pierre, la famille, et les amis peuvent mettre le nom de la personne qui est morte, des fleurs, des messages, des dessins etc. Il y a des gens qui avant de mourir choisissent de se faire incinérer. C’est-à-dire qu’ils préfèrent bruler leur corps une fois qui son mort, et donner les cendres qui restent à leur famille.

Enfant : Mais la personne va au ciel après ?

Thérapeute : Il y a des personnes qui pense qu’après la mort il n’y a rien du tout. D’autres personnes pensent que le corps est habité par une âme qui continue à vivre après la mort. On ne la voit pas cette âme, elle est immatérielle.

Enfant : Comment on meurt ?

Thérapeute : On peut mourir de différentes manières: d’accidents, de maladie. Le corps s’arrête de fonctionner et on est mort. Mais, on peut aussi mourir de vieillesse quand la personne est très fatiguée et très vieille.

Enfant : Et, les enfants meurent aussi ?

Thérapeute : Oui, ça peut arriver. Mais, dans la plupart des cas les enfants vivent une longue vie remplie, pleine de découvertes et d’expériences avant de mourir lorsqu’ils sont très vieux.

Enfant : Et toi ? Tu vas mourir aussi ?

Thérapeute : On va tous mourir un jour. Mais en général, on vit longtemps avant de mourir quand on est vieux.

Comment accompagner mon enfant dans son deuil ?


En tant que parent, il est parfaitement normal de vouloir préserver son enfant, et de le prémunir d’une perturbation trop importante face à cet évènement douloureux.

Pour ce faire, tentez de maintenir ou de revenir à sa routine quotidienne dès que cela est possible, ce qui le sécurisera.


Après lui avoir expliqué comment se déroulent les funérailles de la personne décédée (cf. exemple d’échange ci-dessus), et vous assurez que cela lui semble clair, vous pouvez lui proposer de participer aux obsèques. En effet, comme pour vous, il est important que votre enfant puisse développer un sentiment d’appartenance communautaire face à cette expérience, et qu’il puisse ritualiser cet adieu : déposer des objets, visites sur la tombe, participer aux obsèques etc. S’il décline vos propositions, n’insistez pas. L’important est qu’il se sente subjectivement concerné, et en capacité de prendre ses décisions en fonction de son ressenti. Dans le cas où il est impossible pour lui de participer aux obsèques, organisez un jour, une soirée en la mémoire du défunt. Voir le lieu où la personne est décédée peut aussi aider.


Il est important de laisser à votre enfant la possibilité de s’exprimer émotionnellement par rapport au décès. Si cela vous semble trop difficile, déléguer cela à un autre membre de la famille, un bon ami, ou un professionnel. Votre enfant exprimera inéluctablement sa douleur en traversant une multitude de différents états émotionnels : colère, joie, sentiment d’abandon, de solitude. Déculpabilisez-le, et laissez-le s’exprimer, tout en le rassurant et en acceptant ses débordements. Ce ne sont que des émotions, qui doivent être traversées pour qu’il puisse élaborer la perte. Si ces dernières sont réprimées, elles pourront par la suite se transformer en agressivité envers les autres ou lui-même. Il est parfaitement normal que pendant quelque temps ses dessins, ses jeux, tournent autour de cette thématique. Il s’agit de sa manière d’intégrer ce nouveau concept existentiel.


La mort, en règle générale, ne doit surtout pas être un sujet tabou, il est important que votre enfant puisse parler de ses souvenirs avec le défunt, poser ses questions, évoquer la mort en général … Les non-dits, la dissimulation ne peut qu’être délétère et conduire à une perte de confiance en lui, altérer son développement psychique, générer des angoisses, de la colère. Si cela vous semble difficile, n'hésitez pas à solliciter le soutien d’une personne de confiance, ou un professionnel qui pourra accueillir la parole de votre enfant et ses questionnements.

Comment savoir si mon enfant est en souffrance en lien avec un décès ?


L’enfant n’exprime pas ses émotions négatives et sa douleur morale de la même manière que les adultes. Les modalités d’expression d’une souffrance « mal digérée » sont différentes selon les âges. On peut retrouver chez les plus jeunes des plaintes somatiques (mal de gorge, de ventre, des démangeaisons etc.), des troubles des fonctions instinctuelles avec des « pipis au lit » ou d’autres signes de régressions comportementales … On sera particulièrement attentif à un changement brutal de comportement à l’école (l’enfant devenue très turbulent, peu attentif … ou au contraire, devenu trop sage) ou une soudaine perturbation dans les apprentissages.

 
 
 

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