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Faire face au vaginisme

  • Photo du rédacteur: Les pros "Crescendo"
    Les pros "Crescendo"
  • 23 mars 2021
  • 6 min de lecture


Souvent méconnu du grand public, le vaginisme est pourtant l’une des plaintes les plus fréquentes de femmes venant en consultation en sexologie clinique. Il représenterait ainsi de 25-30% des consultations chez les professionnels de la sexualité humaine.


C’est un trouble qui demeure très complexe dans la compréhension de son origine chez la patiente, comme dans sa prise en charge. Cette dernière est très majoritairement d’ordre psychologique - bien que les thérapies physiologiques se révèlent être des approches complémentaires et importantes.


Nous savons aujourd’hui que ce trouble est vécu douloureusement, parfois comme un handicap au bonheur d’être Femme, et à la qualité de vie en général. Mais, qu’est-ce donc que ce trouble sexuel qui entrave l’investissement d’une vie sexuelle et conjugale épanouie pour bon nombre de ces femmes ?


Quelle définition ?


Comme retrouvés dans le DSM-IV-R , le vaginisme est diagnostiqué selon trois critères :


A. Présence de spasmes involontaires, répétés et persistants, de la musculature du tiers externe du vagin, qui perturbent les rapports sexuels ;

B. Cette perturbation est à l’origine d’une souffrance psychique marquée et/ou de difficultés dans les relations interpersonnelles ;

C. La perturbation ne peut-être expliqué par une somatisation, et ne peut être due exclusivement aux effets physiologiques d’une affection médicale générale.


Il existe plusieurs sous-types de vaginisme :


- Il peut s’agir d’un vaginisme de « tout temps », c’est-à-dire que cette dysfonction était présente dès le début de l’activité sexuelle,

- Il peut être de type « acquis », lorsque le vaginisme apparait après avoir connu une activité sexuelle sans difficultés autour de la pénétration auparavant,

- Il peut aussi être « situationnel », lorsque ce trouble n’apparait qu’en présence de certains partenaires.


Pour donner une définition plus globale de ce trouble, il s’agit d’un mécanisme de défense contre toute intrusion vaginale qui comprend :

– Un évitement sexuel et une dérobade face à toute tentative de pénétration – Une contraction réflexe du périnée, rendant impossible toute pénétration


Rapidement, c’est un véritable cercle vicieux qui peut se mettre en place. La femme ayant peur de la douleur par anticipation, va alimenter un stress voir des angoisses ce qui engendre une contracture musculaire réflexe accompagné d’une sécheresse vaginale. La douleur demeurante présente à chaque tentative va venir exacerber le stress déjà présent et alimentera mentalement des scénarios catastrophes autour de la pénétration, et conduira la patiente à adopter des conduites d’évitement voir des réactions phobiques incluant la peur de l’autre, la peur de soi, la peur du sexe, la peur du contact etc. Malgré cela, une forme de sexualité reste possible, avec des pratiques autres que la pénétration vaginale.


Il existe plusieurs degrés de vaginisme qui peuvent être catégorisés en cinq grades :

  • Grade 1 : Spasme des releveurs, disparaissant en rassurant la patiente

  • Grade 2 : Spasme des releveurs, persistant lors d’examens gynécologiques

  • Grade 3 : Spasme des releveurs, contraction des fesses lors de toute tentative d’examen

  • Grade 4 : Spasme des releveurs, contraction dorsale en arc, adduction des cuisses, mouvements de défense et rétraction des membres inf.

  • Grade XO : Grade 4 associé à des manifestations végétatives, refus de tout examen.


Peut-on établir un profil de la femme vaginique ?


Il n’y a pas de hasard en sciences humaines, comme semble nous le rappeler certaines caractéristiques propres au choix du partenaire chez les femmes vaginiques. Ces dernières auraient tendance à investir des relations avec des partenaires doux, peu entreprenants, attentistes, ne bousculant rien dans la relation, tout en véhiculant un discours dédramatisant autour de la problématique que rencontre la partenaire. Ce choix de partenaire va permettre de garder une forme de maitrise de leur corps, et de moins se confronter à une peur d’avoir mal et.ou de tomber enceinte. On retrouve souvent de nombreuses angoisses autour du corps chez ces femmes, comme la peur du corps nu, des microbes, des menstruations. Des pensées négatives vont venir véhiculer des idées irrationnelles autour de leur capacité à lâcher-prise lors des activités sexuelles, de la sur-dimension du pénis du partenaire ou de la sous-dimension des organes génitaux féminins. Elles semblent honteuses de pouvoir éprouver du plaisir et semblent tout faire pour l’étouffer de manière plus ou moins consciente.


Prises dans cette dynamique « confortable » avec leur partenaire, elles peuvent rester plusieurs dizaines d’années parfois dans cette attente passive, en se disant que cela se résoudra tout seul, jusqu’au moment où se produit un déclic. Il peut s’agir d’un désir d’enfant, de remontrances du partenaire, d’une émission TV ou d’un article … qui vont faire en sorte que la patiente vienne enfin consulter.


Quelles explications ?


Plusieurs lectures sont possibles avec un bon nombre de facteurs étiologiques qui peuvent se superposer et.ou interagir entre eux ; dont les plus fréquents sont :


- Une peur irraisonnée de la grossesse et.ou de l’accouchement,

- Une dégout de son corps et.ou de celui de l’autre,

- Un vécu traumatique autour de la sexualité,

- Une éducation stricte, et des idées dysfonctionnelles autour de la sexualité,

- Une méconnaissance de la femme de la part du partenaire,

- Une dysfonction organique : hymen épais, douleurs vaginales etc.


Ces patientes ont souvent des profils proches des profils anxieux et phobiques, elles ont généralement une peur envahissante de perdre le contrôle de leur corps. Elles se retrouvent souvent dans l’incapacité de laisser aller leur corps aux sensations et aux émotions. Le corps est vu comme une machine, un organe « mécanisé » qu’il faut contrôler à tout prix pour éviter de faire face à des bouleversements émotionnels qui peuvent se montrer trop menaçants pour la patiente.


Parfois, il peut s’agir du symptôme du couple. C’est-à-dire que le trouble va être apparaitre ou s’exprimer de manière plus bruyante dans un contexte affectif et environnemental particulier. C’est quelque part la présence de l’autre, et la dynamique créée avec l’autre qui va jouer un rôle important. Il peut également arriver qu’un évitement du contact avec l’autre soit à l’origine d’un problème plus profond qui ne sera qu’amener dans le discours qu’au-fur-et-mesure des entretiens thérapeutiques. Il peut s’agir d’une véritable manière d’être au monde bien particulière, qui permet à la patiente d’exister en évitant ce qui la menace en tant que sujet.



Quelle démarche (psycho)thérapeutique ?


Je suis toujours surprise de constater que certaines patientes viennent me consulter après une forme d’errance médicale, et maintes consultations chez des professionnels de santé. Elles semblent démunies et ne se sont parfois pas senties écoutées et.ou comprises. Elles me décrivent généralement très bien leurs symptômes, et semblent être même parfois expertes dans le sujet. Mais il est parfois navrant de voir que la plupart se sont engagés dans des thérapies purement physiques et mécaniques, en balayant l’aspect émotionnel qui est pourtant la composante centrale dans la prise en charge de ce trouble. Qu’en est-t-il donc de la « sexualité plaisir », et donc de l’épanouissement sexuel de ces femmes ?


Les thérapies cognitives et comportementales, démontrent une réelle efficacité dans le traitement du vaginisme. Il ne s’agit pas là de plaquer des exercices dans le but d’éliminer les facteurs mécaniques, mais de personnaliser la prise en charge en fonction du vécu et de l’histoire de chacune. Il s’agit de permettre à la patiente de comprendre, de ressentir et de vivre dans son corps la sexualité dans toutes se composantes.


On part généralement des ressources et des compétences que possède déjà la patiente, on s’appuie sur ce qu’il y a de positif et ce qui fonctionne, pour arrêter ce qui renforce le trouble, et progressivement rompre le cercle vicieux qui s’est construit. On fait ainsi apparaitre de nouvelles attitudes et de nouveaux comportements. On apporte des connaissances sur le fonctionnement sexuel humain. On identifie des pensées dysfonctionnelles autour de la sexualité pour les remplacer par d’autres, plus adaptées et ouvrantes. On apprend à la patiente, à travers des exercices, à ressentir des sensations de plaisir et à s’épanouir progressivement sur le plan personnel et affectif.


Plus que dans d’autres prise en charge, il est primordial d’incorporer progressivement le partenaire pour prendre en charge l’aspect cognitif et affectif de la relation de couple face à une partenaire apeurée. On travaille alors la communication autour de la sexualité, et la connaissance de soi et de l’autre, pour pouvoir créer son propre système normatif de SA sexualité de couple. La communication est une composante essentielle car l’autre ne peut deviner vos désirs, et il ne sait souvent pas quoi faire réellement, toute femme étant parfaitement différente. C’est au cours de ces rencontres en couple, que le partenaire peut prendre progressivement conscience de sa « pseudo-passivité ». C’est avec l’accompagnement bienveillant de ce tiers, qu’est le sexo-thérapeute, qu’il pourra progressivement se montrer plus actif face à sa peur de faire mal à sa partenaire, de se confronter sans brutalité mais avec un peu plus de fermeté pour avoir confiance tout en se montrant rassurant pour sa partenaire.



C’est l’être dans sa globalité que l’on regarde, pour intégrer des changements thérapeutiques. Ceci permet à la patiente de sortir de l’enferment engendré par son symptôme, de redéfinir sa sexualité, de s’autonomiser, pour enfin se redécouvrir dans une plus grande estime d’elle-même et de confiance envers son corps.

 
 
 

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