top of page
Rechercher

Le couple à l’épreuve du confinement

  • Photo du rédacteur: Les pros "Crescendo"
    Les pros "Crescendo"
  • 28 déc. 2020
  • 7 min de lecture


Le dernier sondage IFOP effectué en mai 2020 (IFOP ; 2020), révèle que le confinement n’aurait pas eu d’impact sur la qualité de la relation de 6 couples sur 10 : 3 couples sur 10 se seraient rapprochés, et 1 couple sur 10 veulent rompre définitivement. Ainsi, ce sont les couples moins expérimentés au niveau de l’investissement de la vie conjugale, et les couples récemment formés. Mais que se passe-t-il lorsque le couple est en difficulté lors de cette période ? Et, que faire ?


Une transition imposée…


L’annonce du confinement, dans sa brutalité, incarna un changement, vécu de manière plus ou moins anxiogène selon les individus, s’ensuit une véritable période de transition, qui va se déployer sur la durée … On peut comparer cette phase de transition, à la transition que l’on observe lors de la première année de retraite. C’est une période qui fragilise de nombreux couples, qui peuvent aller jusqu’à prendre la décision de se séparer. Lorsque chacun avait une vie active, chacun possède un espace de liberté, une possibilité de repli des sollicitations déployer par la relation intime. Tout à coup, sonne le glaas de la retraite où chacun se retrouve à devoir vivre H24 avec l’autre entre quatre murs. On assiste alors à un remaniement des rôles, des fonctions, des attentes, des attitudes et de la relation avec le conjoint. Les préoccupations professionnelles cèdent la place à d’autres activités, ou des temps « d’ennuie » propices à l’introspection psychiques et aux questionnements personnels. De cette manière, le confinement a forcé des couples qui passaient peu de temps ensemble au quotidien à revoir leur positionnement dans le couple, leurs occupations, leurs rôles et leur identité.

Les couples ayant une bonne entente avant le confinement, ont certes pu connaitre des tensions. Mais, ces dernières étaient le fruit de contingences environnementales, qui ne le permettaient pas de choisir les moments de partage à deux. Une fois le dé-confinement arrivé, ils ont rapidement su retrouver leurs traces. Mais, d’autres se sont retrouvés avec des tensions qui ont laissé des traces : incompréhensions, déceptions, rancœurs, frustrations etc. D’habitude, certains couples usent de stratégies d’évitement pour éviter le conflit. Ils s’échappent ainsi avec le travail, des loisirs … Les besoins satisfaits à l’extérieur et les relations sociales leurs permettent de compenser les déceptions ou l’énervement qu’ils peuvent ressentir au sein de leur vie conjugale. Avec le confinement, impossible de fuir. L’IFOP a ainsi noté qu’après le premier confinement, ils étaient 11% de français à vouloir prendre des distances avec leur partenaire, et plus de 4% souhaitaient rompre définitivement.


Pourquoi, mon couple est en crise lors de cette période ?


Durant le confinement, la relation intime est malgré nous, la seule modalité relationnelle autorisé, au détriment des relations professionnelles, sociales, amicales. Dans le couple, la personne est engagée en tant que sujet continuellement. C’est-à-dire, qu’il est sans cesse sollicité par l’autre pour exprimer ce qu’il pense, ce qu’il souhaite, ce qu’il ressent. Il devient quasi impossible de pouvoir fuir le jugement et l’observation de l’autre sur nos comportements et nos pensées. On est dépourvu de zone de sécurité psychologique où l’on peut se replier sur soi, ce qui mobilise continuellement des émotions, et qui pour certain mène à une forme d’épuisement moral.

Pour certains partenaires plus autonomes et indépendants se retrouver confinés ensemble s’est montré très inconfortable. Bien que d’ordinaire ils étaient contents de se retrouver le soir après le travail, le confinement leur a imposé une fusion qui ne leur convient pas. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’amour, mais simplement que la modalité d’investissement relationnel ne répond pas à leurs besoins, et les plongent dans une forme d’insécurité et d’insatisfaction conjugale. Ils ont l’habitude d’investir d’autres activités, à l’extérieur de leur couple. Avec le confinement, et sans ces séparations temporaires et salutaires, ils ont perdu le plaisir de se retrouver.

Durant la construction d’une vie à deux, arrive après la phase de passion, une inéluctable « lutte territoriale ». C’est petit à petit que chacun a construit ses rôles – non sans quelques heurts – avec des habitudes prises au sein du couple constituant de cette manière l’identité du couple. Le confinement a pu voir apparaitre certaines tensions lorsque les membres d’un même couple se sont retrouvés sur le même territoire, avec une nouvelle répartition de leurs emplois du temps, qui a bouleversé leur fonctionnement quotidien. Ainsi, certains ont empiété - souvent dans l’optique bienveillante de soulager et soutenir leur partenaire - sur le domaine de prédilection de l’autre, qui vécut mal l’ingérence (la cuisine, le ménage, les courses alimentaires etc.). Par exemple, pendant le confinement, un époux appréciant la cuisine, mais rentrant généralement trop tard du travail pour pouvoir avoir le plaisir de se mettre aux fourneaux, peut avoir décidé durant cette période de cuisiner. Cependant, sa conjointe dont la tache lui était habituellement assignée, aura du mal à supporter cette délégation et se montrera critique, ce qui pourra alors mener à des tensions au sein du couple.

Le télétravail est également source de bouleversements identitaires pour l’individu comme pour les proches. Il n’est effectivement pas toujours facile de faire comprendre à l’autre qui a peut-être un emploi du temps différent, ou se retrouve sans activité, que l’on est dans un rôle d’employé.e et non d’époux/épouse durant les temps consacrés au travail. Des confusions peuvent naitre entre ces deux casquettes, qui ne sont pas toujours faciles à porter au sein de la sphère intime du foyer.

Chaque partenaire a également fantasmé, de manière plus ou moins consciente, le comportement de son conjoint lors du confinement. Elles n’ont souvent pas été communiquées, et si oui, de manière parfaitement implicite, ne permettant une clarification des attentes. Ceci engendre des tensions faisant écho à l’écart entre la réalité et des attentes déçues. L’un des partenaires s’attendait peut-être ainsi d’échanger davantage, ou de partager plus de tâches ménagères, d’un partage de vision dans l’éducation des enfants, d’une perception mutuelle d’hygiène de vie (faire du sport, changer pour des habitudes alimentaires saines etc.) … L’ensemble de ces thèmes sont autant de sujets de discordes naissantes, ou refaisant surface.

Des tensions peuvent aussi soudainement apparaitre autour des attentes fantasmées sur le type de relation souhaitée avec l’autre. L’un des partenaires peut, par exemple, nourrir le désir d’être dans une relation plus fusionnelle, alors que l’autre recherche de la solitude, et du calme. Cela peut nourrir des incompréhensions et activé un sentiment de rejet. De plus, certains, malgré l’amour que se portent certains partenaires, il peut arriver qu’ils ne se supportent que parce que qu’ils avaient l’habitude de pas passer trop de temps ensemble. Cohabiter de manière permanente lors du confinement, a pu rendre insupportable certains traits de caractères qui étaient habituellement tolérés, et peut finir par atteindre moralement le conjoint.


Entre sexualité ravivée … et sexualité en berne


Nombreux sont les conjoints qui se sont pressés durant cette période dans mon cabinet, pour me témoigner de leurs difficultés autour de la sexualité lors du confinement. Un sondage IFOP de 2020 révèle que le confinement aurait fait chuter significativement l’activité sexuelle des couples vivant sous le même toit. 56% des couples auraient eu des relations sexuelles lors des 4 dernières semaines. Ce qui représente 18% de moins qu’avant le confinement. 21% des couples affirment même n’avoir eu aucun rapport durant cette période. Inéluctablement, avoir du désir pour son partenaire nait de l’absence, et du manque de l’autre. Il va de soi qu’une cohabitation permanente ait pu nuire à la libido de certains couples. Cette dernière est également propice aux conflits et au décalages en termes de comportements et de besoins. Ainsi les chamailleries engendrées par les contingences de l’environnement et de la période, pouvait déboucher sur des espoirs de « réconciliation sur l’oreiller », alors que le conjoint pouvait ne pas concevoir l’utilité de ce comportement, voir en être même rebuté. Le stress et l’anxiété engendrés par la situation sanitaire ont généralement fait mauvais ménage avec le désir sexuel. Certains ont pu continuer à avoir des rapports au début, mais petit à petit leur fréquence a diminué dans le temps.

A l’inverse, d’autres couples, ont vu leur désir sexuel s’accentuer avec le confinement. Il s’agissait là d’une manière de retrouver un réconfort affectif, et d’une stratégie d’évitement temporaire de l’anxiété et des soucis générés par la situation auprès de l’autre. C’était une façon de se relaxer, et de retrouver du plaisir. A juste titre, le cerveau produit de la dopamine, de l’ocytocine, de la sérotonine et des endorphines lors des activités sexuelles qui produisent un cocktail neurobiochimique d’apaisement.

D’autres n’étaient désormais plus assujettis au stress et à la fatigue de la vie active, ont vu leur libido s’accroitre. D’autres encore ont eu plus de temps pour cultiver leur imaginaire érotiques et leurs fantasmes, ingrédients essentiels à la naissance et la culture du désir pour l’autre. Ceci a pu leur permettre d’expérimenter de nouvelles pratiques avec leur conjoint, renforçant ainsi l’expérience et la complicité du plaisir partagé.


Des conflits, aux comportements plus problématiques


Il peut arriver que certains couples présentent des conflits irrésolus et de vielles rancunes. Durant leur vie ordinaire, ces couples ont adopté des stratégies d’évitement autour de ces conflits. Le confinement a fait ressurgir ces conflits et a obligé les couples à rentrer parfois dans une confrontation qui peut etre salutaire comme délétère : tromperie, gestion budgétaire, éducation des enfants, difficultés d’entente avec la belle-famille etc.

Ces divergences et conflits ont pu apparaitre parce que les partenaires ont eu davantage d’échanges, sans pour autant circonscrire ces derniers afin qu’ils soient constructifs.

Viennent s’ajouter certaines difficultés psychologiques, avec des inquiétudes et des ruminations au sujet d’un état de santé, des études des enfants, de son avenir professionnel, on peut s’ennuyer, se sentir déprimer etc. Il peut arriver que la personne ressentant ce type d’inquiétudes se referment sur lui-même, et deviennent irritable, ce qui peut provoquer des disputes.

Cependant, des couples ont vu certaines tensions plus néfastes se renforcer ou être déclenchés par la situation. On a notamment observé une consommation accrue d’alcool ou de drogues, ce qui favorise le passage à l’acte violent. Effectivement, les maltraitances verbales, psychologiques, sexuelles, économiques, et physiques durant la pandémie se sont considérablement renforcées, et ont même vu apparaitre de nouvelles victimes. Certaines partenaires dépourvus de la possibilité de voir des amis, de travailler, de faire du sport… sont devenus de véritables « cocottes-minutes».


Mes petits conseils
- Circonscrivez des repères physiques (pièces, canapé, lit etc.) et temporels (le soir après le télétravail, le matin au moment du petit déjeuner etc.) pour partager des moments choisis à deux. Laissez à chacun un espace physique et des moments où chacun peut se replier,
- Bien circonscrire et redistribuer les tâches domestiques et ménagères en tenant compte des envies comme des capacités à déléguer de chacun en fonction du domaine,
- S’exprimer sur ses émotions négatives et ses plaintes, mais ne surtout pas oublier d’exprimer aussi à l’autres ses émotions positives et sa satisfaction,
- Tenir compte du désir subjectif de chacun, en aménageant des espaces d’échanges. Apprenez à communiquez clairement vos attentes à l’autre et à recevoir les siennes, trouvez des compromis et des terrains d’ententes communs,
- Dans le cas d’expression de violence au sein de votre couple : verbales comme physiques, il ne faut pas hésiter à consulter un professionnel si vous vous sentez dans une impasse ou démunis.
 
 
 

コメント


  • Facebook Social Icône
  • Instagram CabinetCrescendo

© 2023 By Crescendo (MD) - Paris 

bottom of page