Psycho-sexologie : l'excitation, ça s'apprend!
- Les pros "Crescendo"
- 23 août 2020
- 6 min de lecture

Saviez-vous que nous ne savons toujours pas comment réguler notre excitation ? Pourtant la façon dont vous la diffusez ou la canalises va déterminer la qualité de votre plaisir et celui de votre partenaire. Ainsi, il existe plusieurs modes d’excitation sexuelle qui furent identifiés par le Dr. Desjardins, que j’expose fréquemment en consultation auprès de personnes qui sont loin de s’imaginer qu’ils ne maitrisaient pas cette modalité, et ce indifféremment de leur expérience en matière de sexualité …
Petite mise en contexte …
Commençons déjà par quelques bases … Tout d’abord, l’excitation se traduit par l’apparition de manifestations fortes de votre corps (lubrification du vagin, augmentation de la taille des organes génitaux etc.). Il s’agit avant tout d’un réflexe, d’un phénomène involontaire : Il faut qu’il y ait stimulation qui vient de sources d’excitation. Ces sources peuvent provenir de vos 5 sens (toucher, odorat, gout, vue, ouïe), l’imaginaire sexuel, et la proprioception (qui désigne la perception, consciente ou non, des différentes parties de votre corps dans l’espace).
Avec une bonne perception de son excitation vous pouvez apprendre à développer certaines habilités :
- Sa diffusion : qui est rendue possible par le mouvement et la fluidité. Elle permet de faire circuler l’excitation dans tout le corps et d’accéder à des charges de plaisir,
- Sa canalisation : qui permet de faire augmenter cette excitation jusqu’à un point de non-retour.
Je vous vois d’ores-et-déjà venir … Qu’en est-t-il de l’atteinte du paroxysme de l’extase sexuel, le saint graal de l’excitation : l’orgasme ? Tout d’abord, il est primordial de différencier décharge orgastique et orgasme : deux phénomènes indépendants l’un de l’autre, mais qui peuvent arriver simultanément ! Pour faire d’une pierre deux coups, en vous donnant un exemple concret, tout en mettant fin à un mythe sexuel trop souvent présent : si un homme éjacule cela ne veut pas nécessairement dire qu’il a eu un orgasme !
La décharge orgastique est une réaction involontaire et physiologique, qui va survenir lorsque l’excitation génitale atteint un point de non-retour, et qu’il y a une réaction spasmodique des muscles pelviens chez l’homme et chez la femme, c’est l’éjaculation.
Alors que l’orgasme, lui, survient uniquement lorsque la décharge orgastique (l’éjaculation) est accompagnée d’un lâcher prise de tout le corps et d’une décharge émotionnelle de plaisir sexuel. C’est donc une expérience qui combine le corps et l’esprit !
Mais alors comment peut-on faire pour réguler son excitation ?
Il y a quatre composantes qui s’influencent mutuellement entre-elles, et sur lesquelles vous pouvez avoir un certain contrôle, et le pouvoir de modifier leurs interactions avec un peu d’entrainement :
- La respiration
- Le mouvement : qui va de mouvements réduits à des mouvements amples.
- Le rythme : Plus le rythme est lent plus il permet une augmentation de votre champ de conscience.
- Le tonus musculaire : qui va de l’hypotonie (relâchement total des muscles) à l’hypertonie (contraction des muscles), en passant par le tonus musculaire tonique et souple qui est l’équilibre qu’il faut rechercher.
Mais, pour exercer une forme de maitrise, il est important de pouvoir d’abord définir ses modes d’excitation sexuelle.
« Modes d’excitation sexuelle », vous dites ?
Les modes d’excitation sexuelle sont la manière développée et utilisée par les hommes et les femmes dans leurs corps pour augmenter l’excitation génitale. Certains modes vont permettre une décharge orgastique, alors que d’autres vont mener jusqu’à l’orgasme.
Pour illustrer ces dernières, on utilise des courbes d’excitation sexuelle. Dans ces courbes on va observer deux phénomènes réflexes :
- La naissance de l’excitation qui est initiée de manière involontaire par un stimuli,
- Le point de non-retour, qui désigne le moment qui précède le réflexe de décharge orgastique.
Entre ces deux phénomènes, vous retrouvez votre influence (volontaire) sur le rythme, les mouvements, la respiration, et le tonus musculaire.
Le mode archaïque

L’excitation tout comme l’ensemble de la sexualité est liée à l’apprentissage. Si vous allez chercher dans vos lointains souvenirs d’enfance, vous constaterez surement que comme tout le monde vous êtes passé par ce mode d’excitation sexuelle (Car oui, n’en déplaise aux détracteurs, l’enfant a une sexualité). Effectivement, c’est le mode d’excitation que l’on retrouve chez les jeunes enfants. A l’âge adulte, il peut être utilisé par des femmes, plus rarement chez les hommes. Dans ce mode, la personne provoque de fortes contactions musculaires des fesses, des cuisses, des jambes ou par une pression sur les organes génitaux avec un objet ou sur le corps du partenaire. La montée de l’excitation est subite et la décharge orgastique peut survenir rapidement. Cependant, les femmes ayant conservé ce mode d’excitation ont des difficultés lorsqu’elles se trouvent avec un partenaire. En effet les doigts ou la langue ne peuvent remplacer les contractions ou les pressions qui sont nécessaires à la décharge orgastique, et ne permets pas de s’abandonner à la volupté. Chez les rares hommes qui adoptent ce mode les troubles érectiles lors de la pénétration sont fréquents, et il est difficile d’établir des repères au niveau de son excitation génitale avec le/la partenaire. C’est un mode qui canalise l’excitation sexuelle.
Le mode mécanique

C’est un mode souvent utilisé lors de la masturbation chez les femmes comme chez les hommes, qui ont pour but de soulager des tensions sexuelles. Le but rechercher n’est pas de savourer, de prolonger l’excitation, mais de se diriger rapidement vers l’éjaculation ou l’orgasme une fois l’excitation suffisante. Le mode mécanique, est provoqué, par des mouvements rapides et superficiels de frottements de la main (ou d’un vibrateur) sur la peau qui va favoriser le déclenchement automatique d’une décharge orgastique. Beaucoup d’hommes se plaignant de précocité éjaculatoire avec un partenaire utilisent ce mode lorsqu’ils se masturbent, et se retrouvent quelque part « conditionnés » dans l’utilisation de ce mode dans la sexualité à deux. Il en va de même pour les femmes qui vont stimuler rapidement et de manière continue le pénis de leur partenaire jusqu’à obtenir une éjaculation, ou les hommes qui dirigent une femme vers une décharge orgastique en stimulant uniquement le clitoris. Même si cela peut provoquer une jouissance, une forme de soulagement, de libération d’énergie, ce mode ne permet de gouter à la volupté et au plaisir. Il est même réducteur de ces derniers, et canalise l’excitation. Les femmes auront également des difficultés à reproduire cela avec un partenaire tellement le processus est ritualisés au niveau des stimulations.
Le mode ondulatoire

Avec le mode ondulation la personne peut vivre de grandes charges de plaisir sexuel. Ce mode est source de volupté et de plaisir car il va se vivre dans une forme de fluidité du corps, joue sur des intensités de contractions et de relâchement musculaires variés, et des rythmes différents qui permettent de diffuser l’excitation et permet de faire durer le plaisir. L’imaginaire sexuel se trouve souvent plus élaboré. Cependant, ce mode ne permet pas d’atteindre le point de non-retour de la décharge orgastique. Chez les hommes, il peut être source de troubles érectiles occasionnels, et peu parfois faire en sorte que l’on se focalise trop sur le plaisir du partenaire, plutôt que de l’associer au sien. Chez les femmes, ce mode bien qu’il octroie beaucoup de plaisir, ne favorise pas l’excitation génitale.
Le mode en vague

C’est le « mode complet » à adopter ! Cependant il nécessite quelques apprentissages. Le mode en vague va permettre d’associer la montée de votre excitation sexuelle avec la montée de votre plaisir sexuel avec le fameux mouvement de la double bascule réflexe (illustration en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=p3OTpmb_cfE). Ce mouvement consiste à basculer le bassin d’avant en arrière, en y associant vos épaules qui se voutent vers l’avant lorsque le bassin a basculé en avant, et qui reviennent en arrière lorsque le bassin est lui aussi en arrière. Le bassin se vit de manière pénétrante. On y retrouve une grande variation de l’amplitude des mouvements, des rythmes, et de l’intensité de la tension musculaire. Le plaisir est vécu dans un corps fluide, qui permet le lâcher prise génital et émotionnel. Le champ de conscience est étendu, s’alimentant d’une myriade d’indices érotiques présents dans votre environnement, en toute concordance l’imaginaire sexuel se développe également. Ce mode permet aux femmes d’avoir davantage de ressentis internes : elles apprennent à bouger leur bassin et décuplent leurs sensations vaginales. Il y a un réel développement d’un besoin d’aller à la rencontre de l’autre pour alimenter un aspect émotionnel (le haut du corps) et génital (le bas du corps). On développe ainsi du désir pour l’autre. Au fur et à mesure où vous le pratiquer, ce mode devient un automatisme qui permet une véritable harmonie avec le partenaire. On peut ainsi canaliser et diffuser son excitation pour arriver jusqu’à un orgasme puissant.
Malgré ces quelques explications, je pense qu’il est important de rappeler que la sexualité ne doit pas remplir d’objectifs spécifiques, elle se créer et se façonne au gré de vos expériences. C’est à vous et votre couple d’établir votre vision, et votre façon de vivre votre sexualité. Son seul mot d’ordre doit demeurer le « PLAISIR » !
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