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Se sortir de la dépendance affective

  • Photo du rédacteur: Les pros "Crescendo"
    Les pros "Crescendo"
  • 30 juil. 2021
  • 8 min de lecture


« Je ne peux pas vivre sans lui.elle », « Il.elle est tout pour moi », « Je suis avide de calins en permanence », « Je suis collé.e à lui.elle », « Elle.lui vient combler mon vide affectif »… Voilà des phrases qu’il m’arrive d’entendre en consultation lorsque je cherche à comprendre le rapport à l’autre qu’entretient mon patient. Ce discours peut nous mettre sur la piste d’une éventuelle addiction à l’autre, à son regard, ce que l’on appelle plus couramment « la dépendance affective ». Mais qu’est-ce ? Quelles sont ses origines ? Et surtout … comment peut-on en sortir ?


Qu’est-ce que c’est ?


La dépendance affective est avant tout une addiction. Généralement, lorsque l’on parle d’addiction on imagine une dépendance aux substances illicites, à l’alcool, aux médicaments, mais aussi des choses perçues comme plus « saines » par la société, comme l’addiction au travail ou au sport. Peu importe le type d’addiction, on se retrouve privé de sa liberté, avec tes conséquences pesantes au quotidien.

En psychologie on définit l’addition comme une relation contraignante avec un « objet », intégrant une envie irrépressible de comportement, l’abandon de d’autres activités au profit du comportement électivement investit et une sensation de manque. Elle a pour fonction de combler un vide souvent perçu comme insurmontable.


Dans la dépendance affective, les difficultés sont surtout relationnelles : la personne va avoir du mal à créer et maintenir des relations amicales et.ou amoureuses. Il n’y a pas de frontières entre l’amour et l’attachement, car pour le dépendant affectif c’est l’attachement qui prime.

Les personnes évoluant autour du dépendant affectif deviennent utiles de manière boulimique, et deviennent un moyen de dispersion d’affects trop pénibles ou non elaborables. Le dépendant affectif vit au travers de ses objets d’amour et non à coté et.ou avec. L’addiction à l’autre est une sorte de bouée d’amarrage que procure partiellement une réassurance, tout à fait relative, et toujours inefficace au long terme. Ces bouées protègent et permettent au dépendant d’éviter le vide, la peur de l’inconnu, l’absence, la confrontation avec l’idée de la mort etc. Le dépendant affectif n’est pas capable de créer un lien qui répond à un besoin de partage. Il est sans cesse dans la répétition de création de liens douloureux autour de la peur du rejet, de l’abandon, et de la trahison. Pour répondre à ces peurs, le dépendant va rechercher la fusion, va mentir, se soumettre à l’autre ou au contraire être dans la domination, ou encore dans la culpabilisation envers l’autre et.ou lui-même.


Suis-je dans une relation d’amour ou de dépendance ?


La dépendance affective est généralement plus « bruyante » dans les relations sentimentales, bien qu’elle puisse se manifester dans tous types de relations (familiales, amicales, professionnelles etc.). Pour savoir si voue êtes amoureux.se ou dépendant.e il pertinent d’observer sa relations de couples et.ou ses relations passées.


1. Comment je vis et perçois la relation sentimentale ?


Dans une relation d’amour, il est parfaitement normal que le partenaire soit une des priorités de votre vie. Dans une construction amoureuse saine, on note un respect de l’unicité de chacun, avec un respect de ses besoins individuels, de ses aspirations propres.


Dans la dépendance, le partenaire n’est pas un de vos pilliers, mais le seul est unique pilier sans lequel l’ensemble de votre existence peut s’effondrer. La vie n’a de sens qu’à travers lui ou elle, on s’oublie peu à peu dans la relation, et on oublie d’être à l’écoute de ses propres besoins. En réalité, pour le dépendant, ce n’est pas l’autre qui est important, mais le système créé avec lui qui est recherché ou fui par peur d’être rejeté et de trop en souffrir. Ces personnes construisent généralement leur couple en fonction du système qui serait au plus proche d’un idéal, totalement fantasmé, accroché à une représentation imaginaire et idéalisée du couple. La relation affective réelle et « saine » est fuie ou vécue comme ennuyeuse. Les attentes envers l’autre sont souvent excessives et.ou insupportables.


2. Suis-je parfois jaloux.se de manière inexplicable ?


Une relation amoureuse saine se bâtit sur une confiance mutuelle, où la jalousie n’a pas sa place. Alors oui, il arrive que certains peuvent faire semblant d’être jaloux pour témoigner leur amour, à travers l’humour et


Dans la dépendance, la jalousie est un ressenti qui apparait souvent sans raisons réellement fondées. Le dépendant est en hypervigilence des signes de rejet ou de désintérêt du partenaire et élabore souvent des scénarios irréalistes. Cette jalousie peut avoir des effets destructeurs sur le couple, qui plonge le dépendant dans la culpabilisation et le regret des ses actes et de ses paroles.


3. Ai-je besoin de sa présence physique en permanence ?


Dans une relation amoureuse on essaye de profiter un maximum de la présence de l’autre. C’est normal de vouloir construire des souvenirs communs et de prendre le temps nécessaire pour se découvrir mutuellement. Lorsque le temps nous éloigne pendant plusieurs jours ou semaines, il est parfaitement normal de ressentir un manque.


Dans une relation de dépendance, l’éloignement physique est vécu comme un insupportable. Un éloignement même temporaire peut tellement chambouler le dépendant qu’il est capable de venir modifier ses projets de vie à court ou moyen terme pour pallier à une possible absence de l’autre. Il est alors difficile de pouvoir envisager les impacts des décisions prises à moyen ou long terme, le dépendant vit alors dans l’instant et répond à ses émotions.


4. Ai-je l’impression de vivres émotions très fortes et ambivalentes dans ma relation ?


Lorsque l’on est amoureux, il est normal, surtout au début, de ressentir une palette d’émotions intenses. Petit à petit ces dernières se montrent moins bruyantes pour évoluer vers une relation plus apaisée.


Lorsque l’on est dépendant affectif, on est souvent dans une forme d’ambivalence où l’on passe de l’amour fou à la haine très facilement. Cette activation émotionnelle fait le même effet qu’une drogue et vous envahis de pensées obsédantes liées à la relation. On bascule de l’euphorie à la tristesse intense, de l’obsession au rejet.


5. Suis-je capable de rester malgré tout dans une relation qui ne m’apporte aucune satisfaction voir me fait souffrir quotidiennement ?


Dans une relation amoureuse saine, l’amour ne nous rend pas « aveugle » au point de ne pouvoir observer ce qu’il se passe au niveau du lien avec son partenaire. On peut etre amener à se rendre compte un jour que celui-ci devient toxique, s’effrite, se transforme de telle manière qu’il faut prendre des décisions pour envisager des solutions possibles et se sortir de cette situation qui ne convient plus.


Le dépendant affectif peut être témoin de certains agissements et comportements qui soulignent une incompatibilité avec le.la partenaire. Malgré la dangerosité, la toxicité, l’impardonabilité de ces actes, le dépendant ne quitte pas la relation et reste. Il pense toujours pouvoir arranger la situation. L’idée de se battre pour cette relation et plus séduisante que d’essayer de s’en sortir.


D’où vient cette dépendance à l’autre ?


Les premières origines se trouvent généralement dans l’enfance. On regarde habituellement, s’il n’y a pas eu des formes de maltraitances, de sévices, ou une forme d’instabilité familiale au cours des jeunes années de l’enfant. Cette maltraitance physique et.ou psychologique, qui peut être visible ou invisible engendre un sentiment d’insécurité chez l’enfant. Un jeune enfant n’est pas uniquement un « tube digestif », il a également des besoins émotionnels et affectifs : Il a besoin que ses émotions soient accueillies, de disponibilité, et de réassurance. Généralement on remarque que ces besoins n’ont pas été comblés et remplacé par une forme de mépris, ou des exigences. Le jeune enfant ne sent alors pas qu’il mérite d’être aimé et pense que cet environnement est « normal » et qu’il doit s’adapter à cet environnement familial dysfonctionnel. S’il n’y a pas eu de violences physiques et.ou psychologiques en particulier, il se peut que ces besoins n’ont pu être comblé en raison de certaines « ruptures », donnant une forme d’inconstance. Cela peut être notamment à cause de parents malades (dépressifs, maladies invalidantes et longues …). Ces enfants construisent des schémas relationnels calqués sur le ce qu’ils ont appris au sein du système familial. Ainsi, ils pensent que pour avoir un peu d’attention, il faut donner le plus possible, et ne demander presque rien. C’est ce qu’ils cherchent à reproduire et retrouver par la suite avec leur partenaire.

En dehors de schémas engendrés par le système familiale, une estime de soi carencée peut aussi être en cause. Bien que les fondations de l’estime de soi se construisent dans l’enfance et notamment dans les interactions parents-enfant, celle-ci demeure parfois fragile, et peut même venir être altérée par des évènements de vie plus tard. Ce manque d’estime va pousser la personne dépendante à se mettre dans des positions de vulnérabilité, à accepter tout de la part de l’autre, uniquement parce qu’elle à l’impression à travers le maintien du lien qu’elle puise une forme de valeur. La personne est persuadée que le partenaire qui ne lui donne que peu d’amour a finalement une grande valeur. La perception négative qu’elle a d’elle-même est alimenté par de nombreux schémas de dévalorisation qui l’empêche d’avoir une vision réaliste de la situation. La gestion émotionnelle peut aussi être une cause. Lorsque le dépendant affectif à l’impression que l’autre se détache de lui, la crainte de le perdre le fait déborder de tristesse. Pour éviter ce trop-plein, il va tout accepter de l’autre.


Parfois, il est possible que des personnes ayant une enfance heureuse, avec un système familial fonctionnel, sans sensibilité particulière à la dépendance affective le devienne à la suite d’un traumatisme (perte brutal d’un etre cher, deuil relationnel mal vécu…). On est alors dans une situation évoquant d’avantage le post-traumatique, avec une volonté de la personne de tout faire pour éviter ce qu’elle à vécu dans le passé.


Quelles solutions pour en sortir ?


Soi-meme on peut déjà :

1. Essayer d’interroger son passé pour trouver l’origine : On prend du recul et on se place comme observateur de notre vécu. On peut prendre une feuille et noter par tranches d’âges les moments, et les évènements difficilement vécu pour commencer à mettre cela en mots. On peut aussi essayer de s’interroger sur le lien que l’on entretenait avec nos parents et avec les autres figures significatives de notre entourage. Il peut parfois s’agir de petits éléments qui sont vécus comme des traumatismes et déclenche un désamour de sa personne : une séparation difficile avec le parent le premier jour de maternel, une remarque méprisante d’un parent, une mise en compétition des enfants un parent quittant brusquement le domicile etc.

2. Identifier comment se manifeste la dépendance affective dans ses relations : Suite à un événement vécu comme un choc, le dépendant va développer une multitude de schémas qu’il répète et qui viennent conforter ce qu’il à déjà vécu et quelque part, toujours connu. Généralement, dans les relations, le dépendant est en hypervigilence des signes d’éloignement ou de rejet, il étouffe de ses attentes pour obtenir le résultat qu’il l’angoisse le plus : l’abandon ou le rejet des autres. Il est généralement dans des relations toxiques, et à souvent un sentiment de « déjà vu ». Sa vulnérabilité le rend particulièrement ciblé par des personnalités narcissiques.

3. Identifier son système de valeurs et savoir fixer ses propres limites : On peut essayer de prendre conscience de nos propres valeurs, et essayer d’entrapercevoir ce qu’il y a de « bon » et de « mauvais » dans ses relations. Reconnaitre que comme tout etre humain, nous avons des zones d’inconforts et d’intolerences, fixer ses limites et s’y tenir. Généralement, le dépendant affectif à tendance à ne pas s’écouter et à laisser l’autre prendre toute la place et lui imposer ses propres valeurs pour combler son vide.

Entamer une psychothérapie brève avec un psychologue : Pour avoir une vie saine et connaitre le bien-etre, il est essentiel de s’affranchir de cette dépendance. Ce professionnel est là pour aider le dépendant à identifier les répétitions de schémas et à identifier précisément l’origine des besoins insatisfaits. Le psychologue aide aussi à sortir de l’inaction que confère le sentiment de culpabilité et la position de victime du dépendant, et aller vers le sentiment de responsabilité pour pouvoir enfin avoir un sentiment de contrôle et passer à l’action et sortir de ce cercle vicieux. La psychothérapie permet aussi à restaurer l’amour de soi, et d’apprendre à se valoriser indépendamment du regard de l’autre.

 
 
 

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